L’aventure utopique d’une humanité sans marges.
Fictions Modestes & Réalités Augmentées déploie une cartographie inédite où s’enchevêtrent l’art collaboratif, les affinités entre art brut et art contemporain, l’expérimentation artistique, la contre-culture et les nouvelles technologies.
Enraciné dans un coin de l’Ardenne belge, le centre d’art brut & contemporain La « S » Grand Atelier, installé aux avant-postes de la création actuelle, résistant aux normes et aux assignations est avant tout un lieu de vie et de rencontres relatées dans ce catalogue, pas comme les autres, par sa fondatrice, Anne-Françoise Rouche.
Fictions Modestes & Réalités Augmentées nous plonge dans des mondes inédits et fascinants, de la narration graphique vers des supports moins attendus, tels que le cinéma, le design textile, la photographie ou les arts numériques.
En découle une approche artistique décomplexée et décalée assaisonnée d’une bonne dose de « Belgitude »
Le MIAM, orchestre depuis 20 ans, un décadrage, là où art contemporain, art brut, art modeste ou art commercial se jouent des frontières et des assignations, preuve en est les cartes de territoires de l’art d’Hervé Di Rosa.
Il était donc naturel que le MIAM accueille l’exposition Fictions Modestes & Réalités Augmentées
Les activités internes à La « S » Grand Atelier et celles qu’elles génèrent à leur tour à l’extérieur sont remarquables tant elles rebattent les cartes des pratiques où les notions d’art, de handicap, de différences ou de marginalités s’entremêlent. A contrario de certaines idées reçues propres aux mythologies de l’art brut, le laboratoire artistique de la « S » tord le cou à des représentations simplistes et binaires. Ainsi dynamite-t-il la croyance selon laquelle l’art se scinderait en deux, art contemporain d’un côté, le reste de l’autre, avec injonction à choisir son camp. Ce faisant, les activités de la « S » permettent de critiquer à bon escient l’idée contestable d’une supposée pureté et vérité associées aux créations de la différence mentale, qualités qu’il faudrait absolument préserver de toute influence extérieure, comme si le monde du handicap relevait de la réserve d’indiens. En ce sens, l’art mis en œuvre à la « S » participe d’autres aventures initiées en Belgique depuis les années 1980 et engage à une remise en question, en France, des cadres héritées de cette même décennie. [Baptiste Brun, enseignant-chercheur en histoire de l’art contemporain à l’Université Rennes 2]